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L'école des paysans

Le fondement social de la politique de l'INRAP. [1990]

30 Septembre 2017 , Rédigé par Michel Boulet Publié dans #Histoire du pôle dijonnais

La question première est de savoir quelle est, pour les prochaines années, l'utilité sociale de l'I.N.R.A.P., au service de qui il travaille et pour quels objectifs.

Pour répondre, il est nécessaire d'analyser l'évolution du milieu dans lequel est inséré l'Institut : milieu rural et système éducatif. Le repérage des tendances fortes permettra de formuler plus clairement le rôle et les axes principaux de travail pour les années a venir.

1 - Milieu rural et évolution de la politique agricole.

Le modèle de développement agricole adopté en 1960 était extrêmement sélectif. Il posait en principe que l'élimination d'un nombre important d'exploitations « non rentables » était indispensable à la mise en place d'une agriculture moderne et performante. Le bilan établi au début des années 80 à montré que deux types d'agriculture s'étaient constitués :

* d'une part une agriculture hautement productive, utilisant les techniques nouvelles, faisant appel à une forte accumulation de capital et à une main-d’œuvre qualifiée ;

* d'autre part de nombreuses exploitations où les agriculteurs connaissent une situation difficile, certains pouvant espérer, au prix de lourds sacrifices. passer dans la première catégorie, d'autres n'ayant que l'espoir de se maintenir.

Dans diverses régions, un processus de désertification s'était engagé à la suite des disparitions d'exploitations et du départ d'agriculteurs ou de leurs enfants vers d'autres secteurs professionnels.

En 1981, le changement de majorité conduisit au choix d'une politique agricole reconnaissant la diversité des exploitations. L'objectif affirmé était de maintenir, à côté de 2 à 400 000 « agriculteurs-entreprenants », 4 a 500 000 exploitations familiales conduites par des agriculteurs à temps complet et des pluri-actifs, mettant en œuvre des modèles de développement diversifiés. Ce second groupe était appelé a jouer un rôle capital dans la production agricole et dans la vie rurale.

Aujourd'hui, au moment où se prépare l'ouverture du grand marche européen, le Ministre de l'Agriculture et de la Forêt, Henri NALLET, affirme sa volonté de développer une politique conduisant l'agriculture «  à l'expansion et à la prospérité »1. Pour cela, il convient de tenir un pari ambitieux : porter l'agriculture et l'agro-alimentaire français au premier rang en Europe et en faire ainsi un des points forts de l'économie nationale pour les dix prochaines années, et ceci, sans recourir à « la concentration à outrance et à l'abandon de régions entières ».

La tâche est donc double :

* rechercher les moyens de renforcer encore l'efficacité économique du secteur, dans la production, la transformation et la commercialisation ;

* veiller à conserver la présence des hommes dans l'espace rural et surtout dans les zones apparemment les moins favorisées du point de vue de la production agro-alimentaire, en cherchant à développer des formes nouvelles, peut-être encore inconnues, d'activités économiques et sociales.

Le pari est effectivement de grande ampleur, comme le souligne un examen rapide de la situation actuelle.

En 30 ans, la population agricole est passée de 27 à 7% des actifs, soit une diminution de 55%, en outre, un agriculteur sur deux a plus de 65 ans.

Il v a aujourd'hui un peu plus d'un million d'exploitations et il est difficile d'estimer ce que sera leur nombre à la fin du siècle. Les installations en agriculture sont d'environ dix mille par an, dont 16% seulement de jeunes ayant une formation agricole égale ou supérieure au niveau IV (B.T.A.), niveau de référence de la capacité professionnelle en 1993.

Les industries agro-alimentaires ont un poids croissant dans l'activité économique nationale, l'évolution des habitudes de consommation faisant une place sans cesse plus importante aux produits transformés. Ce secteur connait un fort mouvement de concentration, avec une baisse des effectifs, une modernisation des techniques de production alors que 80% des salariés sont peu ou pas qualifiés.

Les secteurs de l'agro-fourniture, de la commercialisation et de la distribution des produits agricoles, horticoles et forestiers, ainsi que le tertiaire agricole, sont en expansion rapide et demandent une main-d’œuvre ayant un haut niveau de qualification.

La diversification de l'économie rurale est une caractéristique fondamentale du développement du monde rural au cours de ces dix ou quinze dernières années. A ces mutations économiques correspondent des mouvements de population. Depuis la deuxième moitié des années 1970, on observe dans la plupart des régions rurales de France, mais aussi de la Communauté Économique Européenne, un renversement de la tendance au dépeuplement et un « rajeunissement »2. De 1975 à 1982, le milieu rural français a accueilli 120 000 ménages de professions libérales et de cadres supérieurs, 200 000 cadres moyens et 300 000 employés et ouvriers. Pour la mème période, les créations nettes d'emplois non-agricoles ont été globalement plus fortes dans les communes rurales (+9%) que dans les communes urbaines (+4%). Cependant dans certaines zones, le « déclin rural », le dépeuplement et l'abandon de certaines terres sont très marqués et les possibilités de développement économiques sont extrêmement limitées. Dans ces cas, le problème est de lutter contre la désertification et la dégradation de l'environnement.

Les nouvelles activités qui apparaissent dans les zones rurales entraînent une demande de nouvelles qualifications professionnelles axées notamment sur :

- la pluriactivité de l'exploitant et de sa famille, appelés à gérer un ensemble complexe de production, de transformation et de commercialisation de produits agricoles, en assurant la sécurité et l’hygiène du travail ;

- la valorisation de l'exploitation agricole par l'instauration d'activités liées à l’agrotourisme, à l'accueil des jeunes et à des activités péri-scolaires en milieu rural ;

- l'artisanat rural, souvent tourné vers l'habitat, la maintenance de celui-ci et du matériel agricole;

- les activités liées aux travaux forestiers et à la sauvegarde de l'environnement ;

- la mise en place de nouveaux types de services mobiles, dépannage, vente, achat, ou liés à l'information, à la formation, au conseil et à l'animation ;

Il est donc indispensable de mieux connaitre les nouveaux métiers et de proposer des formations professionnelles adaptées afin de contribuer au maintien des activités rurales3. A cet effet, les experts de la C.E.E. proposent de transformer les écoles rurales en « petits centres multi-usages » d'éducation, de formation professionnelle, d'initiation et d'animation du développement rural et d'activités culturelles, utilisant également l'enseignement à distance. Le maintien d'un réseau suffisamment dense d'établissements d'enseignement apparaît essentiel pour le milieu rural.

L'agriculture, l'agro-alimentaire et le milieu rural, qui ont connu et connaîtront encore des transformations de grande ampleur, représentent donc un ensemble particulièrement sensible dans la perspective du développement de la société française du troisième millénaire.

En 1960, voulant moderniser rapidement l'agriculture qui constituait un des « Obstacles à l'expansion économique » selon l'expression du rapport Rueff-Armand, le gouvernement de Michel Debré a lancé un ambitieux programme de développement de l'enseignement et de la formation professionnelle agricoles. Il s'agissait a la fois de fournir une main-d’œuvre qualifiée à l'agriculture et aux métiers connexes, et d'orienter une grande partie des enfants d'agriculteurs vers d'autres professions.

En 1988, Henri Nallet déclare devant le Conseil national de l'Enseignement agricole « l'enseignement agricole constitue, à mes yeux, l'un des rouages essentiels, peut-être à moyen terme le plus important, de cet effort de rénovation de la politique agricole qui s'impose à nous dans les prochaines années ».

A prés de trente ans de distance, l'importance de l'enseignement agricole et son rôle sont soulignés avec autant d'insistance.

2 - Les nouveaux défis.

Au début des années 60, en France comme dans la plupart des pays développés, fut impulsée une politique de modernisation des contenus et méthodes d'enseignement afin de répondre à l'extension rapide de la scolarisation et à la revendication de « démocratisation » et d' « égalité des chances ». Les effectifs d'enseignants augmentèrent rapidement et leur formation initiale et continue eut pour objectifs la mise à jour des connaissances disciplinaires et la maitrise de méthodes pédagogiques « nouvelles ».

A partir de la fin des années 60, les critiques se multiplièrent contre l'école et contre les enseignants. Ceci était la conséquence du constat que le développement quantitatif de la scolarisation n'avait pas permis d'obtenir l'égalité des chances et la démocratisation.

Au milieu des années 70 apparurent de nouveaux défis, auxquels nous sommes toujours confrontés (17).

> Défis économiques.

- baisse des crédits affectés à l’École, dégradation concomitantes des conditions le travail et de rémunération des enseignants conduisant à une diminution du pouvoir attractif de la profession (cf. féminisation accrue, manque de candidats, ...)

- le chômage en hausse rapide, notamment chez les jeunes sortant de l'école conduit à une diminution de la motivation des élèves vis a vis de la formation.

- l'évolution de l'organisation du travail et des moyens de production, conséquence des transformations techniques et économiques a fait émerger un nouveau profil de référence du travailleur : un individu autonome, créatif, sachant prendre des risques, responsable. De ce profil « idéal » dérive une demande adressée à l’École afin qu'elle fournisse des travailleurs hautement qualifiés ; qu'elle réalise une adaptation permanente des savoirs professionnels ; qu'elle assure des formations d'adaptation à de nouveaux métiers.

L'enseignement technique et professionnel doit donner la priorité au développement intellectuel, à la créativité, à l'apprentissage autonome, à l'aptitude au travail en équipe, à l'entrainement à des efforts intellectuels et physiques intenses, à la santé physique et morale.

> Défis issus de l'évolution des sciences et techniques.

L'accumulation massive de savoir ne permet plus à une personne d'en assimiler l'ensemble. Pour résoudre les problèmes concrets, le travail d'équipes de spécialistes est devenu indispensable.

L'école doit donc :

- rejeter l'objectif de transmission de tout le savoir ;

- organiser l'enseignement de façon qualitativement différente ;

- développer chez les élèves et les enseignants l'aptitude à apprendre.

Des problèmes surgissent dès que l'on cherche à mettre en œuvre ces conceptions :

- chaque branche scientifique sent son statut épistémologique et son importance sociale menacés par des programmes faisant appel à l'inter- et à la pluridisciplinarité,

- la mise au point des programmes, outils et méthodes pédagogiques selon ces principes est difficile,

- les enseignants « monovalents » (une seule discipline) ont le plus de difficultés à évoluer, car ils doivent maitriser de nouveaux savoirs et le nouvelles attitudes (travail en équipe),

- les modalités d'évaluation doivent changer pour prendre en compte l'apprentissage du travail en groupe ou la maitrise d'un travail autonome.

> Autres défis.

Sans développer, il convient de les recenser rapidement, sans ordre hiérarchique :

- l'introduction des nouvelles technologies de l'information et de la communication,

- l'évolution des modes de vie. les transformations du rôle de la famille en matière de socialisation,

- l'accroissement du temps hors travail dans la vie de l'individu,

- l'impact des grands problèmes : risque de guerre nucléaire, utilisation pacifique le l'atome, les droits de l'homme, la pollution. la drogue, l'internationalisation de la production, de la consommation, des courants culturels, ...

De la difficulté à répondre à ces défis multiples et divers nait une crise de légitimité de l'école et de ses enseignants. Elle s'exprime dans les critiques conservatrices et néo-libérales, sous les slogans de « En arrière toute » ou « Revenons à l'essentiel ». Certains raisonnent leur attitude par rapport à l'école en termes ''bancaires'' : l'investissement dans la formation m'apporte-t-il (à moi ou à mes enfants) suffisamment ? Comment apprécier la rentabilité, l'efficacité de cet investissement ? D'aucuns adoptent ce raisonnement pour l'ensemble du système éducatif.

Ainsi que le note Otto Mihaly, cette méfiance croissante dans l'école conduit à une demande croissante d'évaluation de son efficacité, or « plus l'école est évaluée, plus on découvre de problèmes ». En outre, les critères d'efficacité tendent à être limités à ce qui est mesurable, conception particulièrement réductrice.

La réponse à ces défis nécessite le développement de la recherche en éducation.

Si les observations sont multiples, il faut redire ici que la formation des enseignants, qu'elle soit initiale ou continue a été rarement objet de recherche.

Les directeurs d'instituts de recherche pédagogique réunis à Triesenberg (Lichtenstein) en 1988 ont été unanimes pour considérer qu'il s'agissait d'un sérieux handicap dans une période où des réformes éducatives sont engagées ou vont l’être prochainement. Mais un optimisme prudent s'exprime car dans l'ensemble de l'Europe, l'éducation redevient un sujet prioritaire dans les débats des gouvernements, des employeurs, des parents et de l'opinion publique en général. La formation continue des enseignants, la f.c.e., est perçue comme décisive, comme le montre les décisions des ministres de l’Éducation nationale à Helsinki en 1967.

La recherche apparait comme nécessaire pour mieux comprendre :

- le métiers d'enseignant et ses évolutions, mais aussi celui de chef d'établissement et les divers métiers de l'éducation,

- les représentations des divers acteurs le la f.c.e. afin de proposer des types d'actions de f.c.e. (ex. l'enseignant travaille-t-il 19 h ou 39 h ? est-il un travailleur comme un autre ? la f.c.e. sera-t-elle alors assurée sur le temps de travail?).

- les modalités de la f.c.e. telles que :

    * durée minimum d'une action de f.c.e.

    * part de la pratique,

- f .c.e. obligatoire ou volontaire,

- f .c.e. dans l'établissement ou à l'extérieur,

- le développement de la créativité,

- etc.

Mais la recherche est aussi une méthode de formation qui apparait comme très efficace et que de plus en plus de pays utilisent (Suisse, Hongrie, R.F.A., U.R.S.S., ...). Il faut en tirer les conséquences administratives et budgétaires (aménagement des conditions de travail des personnels en « formation-recherche » tout en poursuivant l'évaluation de cette démarche.

L'analyse de la situation de la recherche en éducation en Europe a mis en évidence le fait que la diffusion et l'utilisation des acquis de la recherche par les enseignants sont fortement dépendantes de l'existence de centres de formation des enseignants et chefs d'établissement en relation permanente avec les instituts de recherche ; mais également de la liaison entre ceux-ci et les établissements d'enseignement. L'importance des « centres de ressources pédagogiques » a été soulignée.

La question de la prise en compte des acquis de la recherche par les responsables de la définition et de l'impulsion de la politique éducative n'a guère trouvé de réponse satisfaisante.

Enfin, il apparaît de plus en plus difficile de recruter des chercheurs, en raison des conditions matérielles existantes.

3 - La rénovation de l'enseignement agricole

Au début des années 1980, l'enseignement agricole est dans une situation de crise, conséquence de la crise du système éducatif et de celle qui frappe l'agriculture et le milieu rural. Le symptôme le plus net de cette crise est l'importance de l'échec scolaire : durant la période 1978 - 1982, près de la moitié des élèves entrés dans l'enseignement agricole en sort sans diplôme, et parmi les diplômés un sur cinq n'a pas le BEPA qui définit la capacité professionnelle agricole. Cependant, les familles se tournent de plus en plus vers l'enseignement, estimant que la possession d'un diplôme, le plus élevé possible, est un incontestable atout dans une période de fort chômage.

En 1982, à l'initiative de la ministre de l'agriculture, Édith Cresson, un vaste débat est ouvert dans l'enseignement agricole et avec les partenaires habituels pour dégager de nouvelles orientations. Ceci conduit le ministre a engagé une véritable rénovation de l'enseignement agricole, le processus étant conforté par l'adoption, à l'unanimité du Parlement, en juillet décembre 1984, de deux lois qui transforment le dispositif institutionnel et créent les conditions d'une indispensable évolution du système de formation agricole.

La rénovation, commencée en 1983 est une entreprise complexe et de grande ampleur qui doit permettre de rendre l'enseignement agricole capable d'assurer plus efficacement les missions qui lui sont confiées. Progressivement, diverses mesures se sont concrétisées :

* organisation de la vie des établissements avec une plus grande participation des élèves ;

* amélioration de la participation des différents partenaires au sein du conseil d'administration de l'établissement présidé par une personnalité non fonctionnaire ;

* implication plus fort de l'établissement dans son environnement ;

* affirmation de l'autonomie des établissements à travers la définition et la mise en œuvre d'un projet pédagogique d'établissement ;

* rénovation des contenus de formation à partir de l'analyse des métiers, des qualifications professionnelles et de leurs évolutions ;

* organisation « modulaire » de la formation favorisant la pluridisciplinarité ;

* mise en place d'équipes pédagogiques responsables de filières ;

* développement de l'utilisation de nouvelles technologies de l'information et de la communication, dans l'enseignement et dans la vie des établissements ;

* délivrance du diplôme selon des modalités combinant le contrôle en cours de formation et des épreuves terminales ;

* construction de parcours de formation adaptés à la diversité des publics (jeunes et adultes).

Les lois, quant à elle, instituent au ministère de l'agriculture le « Service public d'éducation et de formation » assuré par les établissements publics et auquel participent par contrat les établissements privés. C'est une profonde transformation des relations entre l'État et l'enseignement privé qui a été ainsi réalisée.

Cette composante agricole du service public voit sa vocation élargie par rapport à celle définie en 1960, et quatre missions lui être assignées :

* assurer une formation technique et scientifique initiale qui conduise à des qualifications professionnelles reconnues,

* assurer une formation professionnelle continue permettant d'acquérir ou de modifier une qualification,

* participer à l'animation du milieu rural,

* contribuer à la liaison entre les activités de développement, l'expérimentation et la recherche agricole et para agricole.

De plus l'enseignement agricole participe à la coopération internationale.

Ce vaste mouvement de rénovation, comme tout mouvement de changement social, se développe au milieu de tensions et de contradictions, et est encore trop récent pour en apprécier les résultats. Une première évaluation a été réalisée en 1987 en ce qui concerne le BTA. Elle a mis en évidence à la fois la très forte cohérence interne de cette formation rénovée et sa fragilité résultant des contraintes pédagogiques et organisationnelles. Cette appréciation a conduit les auteurs à conseiller la mise en place d'un soutien institutionnel nécessitant, en dernier lieu, un projet pédagogique et organisationnel unifié et clair pour l'enseignement agricole.

Afin de mieux maîtriser la rénovation, un plan de développement pour la période 1989-1993 a été élaboré autour de quelques axes privilégiés :

* offrir des formations plus variées, y compris hors de l'agroalimentaire, mieux adaptées aux nouvelles exigences économiques, notamment par l'élévation des qualifications, et associant davantage les représentants des activités professionnelles et sociales à leur définition et leur mise en œuvre ;

* préparer les jeunes à prendre des responsabilités dans les diverses institutions agricoles et rurales (coopératives, organisations professionnelles, collectivités locales, …) ;

* assurer une meilleure liaison entre recherche fondamentale, recherche appliquée, enseignement et développement agricole ;

* reconnaître à l'établissement une fonction de maintien des activités rurales ;

* faire des établissements des centres d'information et de ressources permettant un recyclage constant, une mise à disposition sous des formes modernes des références techniques, économiques, financières, indispensable aux professionnels ;

* utiliser les compétences présentes dans les établissements pour repérer les besoins économiques et sociaux non satisfaits, les débouchés possibles, afin de contribuer à créer des activités nouvelles et de mettre en place des formations correspondantes ;

* reconnaître aux établissements le rôle de foyers de culture, non seulement pour permettre l'acculturation des jeunes ruraux, mais aussi pour mettre à la disposition de l'ensemble de la société la dimension culturelle de l'activité agricole et du monde rural.

 

En 1965-1966, le ministère de l'Agriculture avait, en créant l'INRAP, un projet ambitieux pour lui permettre d'anticiper les évolutions de l'enseignement agricole et structurer une véritable « culture d'entreprise » pour l'enseignement agricole public. La réalité liée, notamment à l'insuffisance des moyens et particulièrement de postes d'enseignants-chercheurs du supérieur, a trop souvent transformé l'Institut en un outil performant d'accompagnement de la politique de l'enseignement agricole. Les périodes durant lesquelles la recherche a néanmoins pu se développer, en ont montré tout l'intérêt et la richesse.

Aujourd'hui il est possible d'affirmer que pour mettre en œuvre un projet aussi ambitieux que celui que le ministère de l'Agriculture et de la Forêt a formulé en matière de formation professionnelle agricole, il est indispensable de disposer d'un Institut pour :

* la collecte de l'information sur le fonctionnement et les résultats du système de formation agricole et rural (rôle d'observatoire),

* la production de savoirs fiables sur l'enseignement agricole et les formations agricoles et rurales,

* l'amélioration de la formation des personnels,

* la maîtrise de la mise en œuvre de la politique éducative,

* la production de documents pédagogiques multimédia.

1 NALLET, Henri, ministre de l'Agriculture et de la Forêt. Discours devant le Conseil national de l'Enseignement agricole. 12 Juillet 1988.

2 Commission des Communautés Européennes. L'avenir du monde rural. Bruxelles, 28 juillet 1988 (COM (88). 501 final). 110 p.

3 MIHALY, Otto. New challenges for the school and for teachers, an attempt at interpretation of problems. UIE, Council of Europe.

** Note rédigée pour l'élaboration du projet d'établissement de l'INRAP, début 1990.

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