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L'école des paysans

Analyse de l'évolution de l'enseignement agricole. Eléments théoriques. [1996]

25 Octobre 2018 , Rédigé par Michel Boulet Publié dans #Approches théoriques

+ Mes questions de départ sur l'enseignement agricole :

  • un enseignement pour une catégorie de la population,

  • tutelle du ministère de l'Agriculture,

  • la majorité des élèves dans l'enseignement privé,

  • peu d'agriculteurs ayant eu une formation professionnelle agricole : environ 3% en 1955.

Ces dernières années : de moins en moins d'agriculteurs et de plus en plus d'élèves dans l'enseignement agricole.

+ Un constat : peu de travaux d'historiens de l'éducation traitent de l'enseignement agricole.

+ Nouvelle question : Comment définir l'enseignement agricole?

  • Ce qui relève du ministère de l'Agriculture? Mais il n'apparaît qu'en 1881, et que fait-on de l'école primaire?

  • Risque d' "enfermement" dans l'enseignement agricole "à label".

J'ai choisi une autre approche :

m'intéresser aux institutions diffusant les savoirs dans la "société paysanne" (Braudel).

+ Institutions diverses :

- école primaire rurale,

- écoles d'agriculture,

- académies d'agriculture, cours d'adultes,

- journaux (puis radio, cinéma).

Ces institutions s'organisant en un système complexe.

C'est un système ouvert, donc mouvant, influencé par ce qui fait évoluer l'économie paysanne :

- Économie : politique économique, politique agricole,

- Socialisation : famille, Église et École .

1ère Hypothèse.

Malgré la référence à l'enseignement, à l’École, l'enseignement agricole ne se constitue pas selon la forme scolaire.

Avant : transmission familiale des savoirs ( ou par les voisins, la communauté villageoise).

Au 18e siècle, idéologie du progrès scientifique : transmission des savoirs par des "Élites", Académies, "Cabinets", journaux, selon des réseaux divers. (Cf. Marion Duvigneau).

Cet appareil est spécialisé dans la diffusion des savoirs agricoles, c'est-à-dire les résultats d'expérimentations diverses, mais il y a toujours transmission par imitation. observation, ce qui caractérise la transmission des savoirs dans la société rurale.

Parallèlement, l`école primaire s'installe dans les villages, venue de la ville, pour fournir les savoirs utiles à l'acculturation dans une société en transformation :

  • donne des savoirs de base,

  • apprend l'obéissance, l'ordre, la "morale", l'idéologie,

  • fait réaliser des travaux manuels afin de développer "la justesse du coup d'œil et le dextérité de la main",

on prépare ainsi les jeunes pour les nouveaux métiers de l'industrie.

Cette école primaire est organisée sous la "forme scolaire " avec :

  • la "clôture", c'est-à-dire un lieu séparé des activités sociales,

  • un temps propre, indépendant du temps social,

  • un personnel spécialisé,

  • une école identique sur tout le territoire.

En 1848, loi sur l'enseignement agricole pour rationaliser la formation professionnelle (raison économique), mais aussi pour gagner l'appui politique des paysans (raison idéologique). Le modèle de développement de l'agriculture est capitaliste, proche de l'expérience de l'Angleterre ; à partir de ce modèle, on définit les niveaux de l'enseignement agricole.

L'Institut national agronomique pour la recherche scientifique et la formation des cadres de l'Administration et de quelques grands propriétaires terriens.

Mais, on demeure au sein de l'économie paysanne :

  • le modèle ferme-école, formation par imitation,

  • le modèle école régionale, avec des enseignants spécialisés,

mais dans les deux cas, l'établissement est une unité de production.

En outre, on développe un "enseignement de masse", plus proche de la vulgarisation, on dit alors la "propagande" : les professeurs départementaux d'agriculture qui préfigurent la diffusion des savoirs par l'encadrement technico-économique.

A noter en 1875, la tentative de diffusion des savoirs par la forme scolaire : l'école pratique d'agriculture, avec un faible succès.

Par contre, succès des professeurs d'agriculture, puis des cours d'hiver, postscolaires, etc.

Ceci dure jusqu'en 1960, c'est-à-dire à la fin de 1'économie paysanne.

2e Hypothèse.

C'est la politique agricole qui est déterminante pour définir la politique de l'enseignement agricole.

Ceci est évident dès 1848, et explique que c'est seulement en 1960 que se crée un enseignement agricole moderne pour préparer à un métier (besoins économiques), afin de conforter une politique de modernisation rapide de l'agriculture, supposant une diminution du nombre d'agriculteurs, alors qu'avant, il s'agissait de faciliter une politique agricole s'appuyant sur de nombreuses exploitations familiales avec une main-d'œuvre essentiellement formée par imitation et l'aide d'un encadrement technico-économique.

L'enseignement agricole passe d'une fonction principalement idéologique, assurée par une forme non-scolaire, à une fonction de formation d'une main-d'œuvre qualifiée, assurée par une forme scolaire, ou tendant à le devenir (forme encore non stabilisée).

Exception : l'enseignement supérieur qui forme dans des "Grandes écoles", (forme scolaire), des cadres de haut

A noter qu'après 1965, l'enseignement agricole est coupé du développement, il connaît lui aussi sa "clôture". En 1984, la loi ouvre cette clôture avec les 4 missions, allons-nous vers l'émergence d'une nouvelle forme ? (Cf. Les travaux du groupe "prospective 2010").

 

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